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19 mai 2010

Toucher à l’histoire récente est un tabou dans le cinéma français

Source: Samuel Blumenfeld, Le Monde

Daniel Leconte, né en 1949, est venu cette année au Festival de Cannes sous la casquette de producteur pour le film de télévision Carlos, d’Olivier Assayas, présenté hors compétition. Il était déjà sur la Croisette en 2008, en tant que réalisateur, pour C’est dur d’être aimé par des cons. Le sujet était le procès qui avait suivi la publication des caricatures danoises de Mahomet dans Charlie Hebdo.

Quel souvenir gardez-vous de la projection du film C’est dur d’être aimé par des cons à Cannes ?
Tout s’était passé de manière très calme. La démarche du film était assez juste. Il s’agissait de pointer des individus à l’intérieur du monde musulman qui mènent celui-ci dans l’impasse. Les islamistes sont les plus grands ennemis des Arabes. On instrumentalise l’islam à des fins politiques, et je n’ai jamais visé, avec ce film, le monde musulman. J’avais d’ailleurs une boussole très précise : celle de mes amis musulmans démocrates.
Je n’ai à aucun moment été attaqué par des musulmans durant les multiples présentations du film. Au contraire, c’était souvent eux qui me rappelaient qu’ils étaient les premiers visés par le fondamentalisme et me répétaient : « Ne leur cédez pas. » Il ne faut surtout pas considérer cette partie de l’islam fondamentaliste, dans notre pays ou ailleurs, comme une singularité méritant un droit à la différence, quand il s’agit d’un hymne à la régression.

Le lien entre C’est dur d’être aimé par des cons et Carlos s’effectue par l’angle du terrorisme islamiste…
J’ai écrit le sujet original de Carlos et défini un angle. Celui-ci était clair : le film ne deviendrait en aucun un hymne à la gloire de Carlos. Je savais aussi comment Dan Franck, le scénariste, allait le traiter, et nous avons fait monter le journaliste Stephen Smith à bord. Le terrorisme représente tout ce que je déteste, c’est le déshonneur suprême.

Traiter un sujet pareil comme une saga, sur cinq heures, est une chose nouvelle dans le cinéma français. Comment expliquez-vous cette réticence de la France à s’attaquer à son histoire récente ?
Le cinéma français ne pouvait pas passer à côté du mythe générationnel qu’a été Carlos. On ne pouvait pas, non plus, passer à côté du décryptage du terrorisme, de sa genèse en quelque sorte, alors qu’il s’est généralisé aujourd’hui pour devenir planétaire. J’étais servi par une vie professionnelle de journaliste et de grand reporter qui m’a fait croiser des gens comme Carlos, qui avait déjà été le sujet d’un de mes documentaires pour la télévision, Les Années Carlos.
Toucher à l’histoire récente est un tabou dans le cinéma français alors que c’est une évidence pour un journaliste. Je me souviens de ma première discussion avec Olivier Assayas.
J’avais été très impressionné par Syriana [2005], de Steven Gaghan, avec George Clooney, où le réalisateur démontait intelligemment les mécanismes du terrorisme. Sauf que les Américains sont exposés au terrorisme depuis 2001 alors que nous y sommes confrontés en France depuis la guerre d’Algérie. Nous devrions savoir raconter au moins aussi bien qu’eux cette histoire. « Pourquoi pas nous ? Pourquoi pas toi ? », avais-je dit à Assayas. Il m’avait répondu : « Mais parce que personne ne me l’a jamais proposé ! » Je lui ai parlé du film un mois plus tard.

Envisagez-vous un autre projet de pareille ampleur ?
Oui. Bokassa. Lorsque j’ai vu Le Dernier Roi d’Ecosse [2007], de Kevin MacDonald sur Amin Dada, je me suis dit: « Pourquoi n’arrive-t-on pas à parler de Bokassa en France ? » Barbet Schroeder, qui le mettra en scène, me semblait le mieux à même de le réaliser, entre autres en raison de son documentaire sur Amin Dada [Général Idi Amin Dada : autoportrait, 1974], et aussi parce qu’il a vécu en Centrafrique. Pascal Bonitzer écrira le scénario, avec Stephen Smith comme conseiller historique.
J’ai couvert l’Afrique, dont le procès Bokassa, quand j’étais grand reporter. Si je réussis cette culbute qu’a si bien intégrée le cinéma américain, ce sera bien.

Vous terminez aussi un documentaire sur l’affaire Clearstream. Quand sortira-t-il ?
Il s’agira en fait de trois documentaires de chacun 90minutes. Les trois films sortiront impérativement avant le procès en appel, soit durant le premier semestre 2011. Je pense même à une série de 24 fois 52 minutes. Je conçois ces films comme une pièce de théâtre, je veux raconter ce qui s’est joué dans ce procès, et c’est une tâche très complexe. C’est une affaire tellement folle qu’on n’a pas encore pris la mesure de ce qu’elle était. Tous les prévenus se sont prêtés au jeu, à l’exception de l’ex-premier ministre Dominique de Villepin.

Tags: clearstream, Carlos, tabou, histoire



  • Daniel Leconte

    Daniel Leconte, producteur
    Président de Doc en Stock et Film en Stock, crée en 1994. Production de plus de 400 films documentaires.

    Production et réalisation de « C’est dur d’être aimé par des cons », sorti en salles et en sélection officielle du Festival de Cannes 2007.

    Production de Carlos en 2010, mini-série événement réalisée par Olivier Assayas, en sélection pour le festival de Cannes, et primé d'un Golden Globe Award en 2011.

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